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Deux lignes au FN avant 2017

mardi 17 janvier 2017

Tiraillements au FN ?

Pour mener à bien son entreprise de banalisation, le FN adapte son discours en fonction des différentes franges de la population qu’il veut attirer, afin d’élargir au maximum son électorat. Cela n’est pas nouveau, et nous avons déjà pointé certaines incohérences liées à ces discours à géométrie variable. Mais cela va vraisemblablement plus loin qu’une simple question de stratégie. Il est indéniable que deux lignes s’affrontent actuellement au sein du FN, à la fois sur le plan sociétal et sur le plan économique.

On a d’un côté la ligne officielle de Marine Le Pen, inspirée par Florian Philippot, basée sur des positions « pseudo-sociales » dans le but de séduire les milieux ouvriers, et qui affiche une modernité relative par rapport aux questions sociétales afin de plaire aux jeunes, aux femmes, aux homosexuel-les. Cette ligne est parfois qualifiée de « nationale-étatiste ».
De l’autre, on a Marion Maréchal-Le Pen, qui allie ultra-libéralisme économique et conservatisme des mœurs. Elle est proche des catholiques traditionalistes, de la Manif pour tous, et s’affiche parfois avec les Identitaires, ou avec Philippe de Villiers.

Les divergences internes au parti sont importantes sur les questions économiques, et Marine Le Pen a dû maintenir la discipline dans ses rangs à plusieurs reprises. On se souvient des amendements à la loi travail présentés par les deux sénateurs FN au printemps dernier, destinés à libéraliser le marché du travail [1] Ils ont été retirés in extremis, avant la séance. A l’automne, c’est le président du collectif Audace, voué à promouvoir le FN auprès des jeunes entrepreneur-es, qui a été limogé. En cause un petit livre : « Vivent nos entreprises » développant des propositions franchement libérales [2] C’est aussi la convention thématique du FN sur l’économie qui a été annulée en octobre, alors qu’elle devait élaborer les lignes programmatiques, remplacée en catastrophe par une réunion sur les seniors. Ce qui montre que la contestation en interne n’est pas insignifiante, et que pour le moment le parti n’a pas de programme économique.

On a encore vu en décembre des dissensions entre la cheffe du parti et sa nièce sur le sujet de l’IVG, Marion Maréchal prônant son déremboursement, et sa tante la recadrant illico http://droitsfemmescontreextremesdr... Ce qui a donné des échanges assez vifs entre les deux femmes sur des questions de démocratie interne au parti (on croit rêver !), et sur des questions de légitimité, ce qui ne manque pas d’intérêt ! Philippot a alors parlé de Marion Maréchal comme d’une « personne isolée », ce qui n’a pas manqué de réveiller ses soutiens. Un peu comme s’il s’agissait pour chaque clan de se compter.

Certes, le FN a déjà connu des crises internes, notamment avec le départ de Mégret dont Marine Le Pen reprend aujourd’hui les positions ; il a toujours été un parti composite rassemblant des fractions qui semblaient inconciliables. On peut toutefois se demander où s’arrête la tactique consistant à contenter les différentes franges de l’électorat, et où commence la véritable fêlure ? Sur certains points la fracture idéologique paraît sérieuse, et la nièce pourrait être, à plus ou moins long terme, tentée par les velléités d’une fronde.