Droits des femmes contre les extrêmes droites

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Législatives : vers une défaite du FN… mais aussi de la parité !

samedi 10 juin 2017

Nous sommes en train de vivre une recomposition majeure du paysage politique français. Les deux partis qui structuraient la vie des institutions sont en crise et ne seront probablement pas majoritaires le 18 juin prochain, au soir du second tour des élections législatives.
Cette recomposition aurait pu profiter à l’extrême droite. Il n’en sera probablement rien. Pour autant, le progrès en terme de parité ne sera pas plus au rendez-vous !

Alors que les sanctions ont été alourdies pour les partis ne respectant pas la parité, l’alliance entre l’UDI et LR a investi à peine 37 % de femmes, tandis que tous les autres partis sont entre 47 et 50 %. On sait que les partis peu représentés aujourd’hui et donc assez pauvres financièrement sont très sensibles aux sanctions, et que le poids des sortants (des hommes blancs pour la plupart) joue encore beaucoup dans les grands partis, même si le PS a malgré cela fait l’effort d’investir des femmes. Au total, ce sont donc 42,4 % de femmes qui ont été investies en candidates, et un peu plus, 46 %, en suppléantes : le compte n’y est donc pas [1]

On connaît de plus le biais qu’il y a derrière cette presque-parité de façade. Beaucoup de partis investissent des hommes dans les circonscriptions gagnables et placent des femmes dans les circonscriptions où elles n’ont quasiment aucune chance d’être élues. L’Assemblée Nationale ne sera donc pas paritaire, loin de là, après les élections.
Ainsi, en plus de l’exception LR qui n’engage que peu de femmes (il aura un groupe conséquent avec probablement à peine un quart de femmes), on constate dans une moindre mesure que la France Insoumise a également surinvesti des hommes dans les circonscriptions gagnables, suivi dans l’ordre de En Marche et du PS [2] Entre la droite traditionnelle peu paritaire d’un côté et la droite de gouvernement et la gauche de l’autre côté, on voit aussi que les candidates du Front National ont été investies dans des circonscriptions où Marine Le Pen a fait en moyenne 19,5 % des voix au premier tour de la présidentielle, et les candidats hommes dans des circonscriptions où elle a fait en moyenne 21,9 % des voix. On rappelle qu’il faudra le 11 juin dépasser 20 ou 21 % des voix au premier tour pour être qualifié au second tour du 18 juin (12,5 % des inscrits). Cela place en moyenne les candidates frontistes en position d’être largement éliminées dès le premier tour. Nombre de cadres hommes du parti ont eux été parachutés dans des circonscriptions en fonction du score à la présidentielle, allant parfois jusqu’à remplacer des femmes qui avaient eu préalablement l’investiture.

Le FN n’a bien sûr jamais adopté la parité que lorsqu’elle lui était imposée par des lois [3] Mais ce n’est pas évident aux yeux du grand public quand la présidente du parti et une figure majeure (Marion Maréchal-Le Pen) sont des femmes, et quand le nombre d’élu-e-s est très faible. Cela ne va probablement pas changer le 11 juin. Les semaines passant, le FN a constamment révisé à la baisse ses prédictions, passant de 100, puis 40, puis 25 député-e-s, se demandant même s’il pourra avoir un groupe à l’Assemblée (15 député-e-s). Il faut dire que le débat d’entre-deux tours et la défaite du second tour des présidentielles, plus large que prévue, a véritablement refroidi le militantisme frontiste pour ces législatives et provoqué une lame de fond contestataire dans la fachosphère
Si les sondages nous prédisent un raz-de-marée macroniste pour un prétendu renouvellement de la vie politique, la parité à l’Assemblée Nationale ne sera toujours pas une réalité d’ici 2022 au moins. Geneviève Fraisse disait que la parité est vraie en pratique et fausse en théorie, il faudra donc encore agir en pratique pour que le processus entamé à la fin des années 1980 dans le mouvement féministe et à partir de 1995 dans les institutions permette à la représentation nationale d’être véritablement représentative de la population. Ça ne changerait certes pas la politique en France mais ça ne serait que justice !!!


[2Lire https://medium.com/@lemebfr/sans-les-r%C3%A9publicains-on-pourrait-avoir-une-assembl%C3%A9e-quasi-paritaire-version-longue-2cc4698193c1 . Cependant, les chiffres ne s’appuient pas sur les données officielles des candidatures, étant donnés que les calculs ont été réalisés fin mai. L’article termine ainsi : « La conclusion est simple. En termes de parité électorale, les Républicains sont ce qui sépare une bonne Assemblée Nationale d’une Assemblée championne mondiale. »